Bernard, quand le président de Libramont regarde le classement de D3, et voit le 2 sur 18 de son équipe, il s’impatiente, il s’inquiète, ou il reste relativement serein ?
Je commence tout doucement à m’inquiéter. On n’a pris l’eau qu’une fois (à Mormont), les matchs sont relativement équilibrés et l’état d’esprit reste bon, mais il ne faudrait pas s’enliser dans le fond du tableau. Ce qui me tracasse un peu, ce sont toutes ces blessures. Le partage à Durbuy, où l’on menait 0-3, me reste également en travers de la gorge. Ce sont des points qu’une équipe qui joue le maintien ne pouvait laisser filer.
Vous ne vous attendiez pas à un départ aussi compliqué, en D3 ?
Non. Six matchs, zéro victoire, c’est un peu plus dur que prévu. Alors oui, lors de certaines défaites, on est passé tout près du partage, mais je suis bien placé pour savoir qu’avec des nuls, on n’avance pas beaucoup plus qu’avec des revers. En 2013, on est descendu en P2 à cause de nos 13 partages. Pour se sauver, il faudra gagner des matchs. Et il devient impératif d’en remporter un rapidement, sans quoi le moral des troupes risque d’en prendre un coup.
Donc Libramont ne se contentera pas d’un point contre Marloie, qui est toujours invaincu ?
J’espère une première victoire, mais je sais qu’on rencontre un gros morceau. Marloie est devenu une valeur sûre de D3, on ne boxe pas dans la même catégorie. Je rappelle que nous avons commencé notre campagne de recrutement quand nous avions onze points de retard sur Meix. En clair, nous avons transféré, au départ, pour jouer la tête en P1.
Je pense que le noyau, dans l’ensemble, tient la route, mais certains garçons doivent encore hausser leur niveau de jeu. Je pense notamment à Arnold (Nkokolo), qui a eu quelques pépins et qui n’est pas encore à son meilleur niveau. On remarque aussi qu’en D3, on ne peut plus se reposer sur l’une ou l’autre individualité pour faire la différence devant. En P1, Thomas Lefort avait planté 23 buts en 24 journées ; en D3, après six rencontres, il n’a marqué que deux buts, et les deux sur penalty. Pour que Libramont gagne des matchs en D3, il doit être quasiment au complet, et avec des garçons qui sont tous à 100%.
En tant que président, vous êtes heureux de revoir le club en nationale ? 20 ans que la ville, que les supporteurs attendaient cela…
Sportivement, oui, c’est toujours gai de fêter un titre, une montée. Avec ses installations, sa situation géographique en plein cœur de la province, Libramont a sa place à ce niveau. Maintenant, je mentirais en disant que tout est rose. Les déplacements sont longs. Une heure de route pour aller à un match, personnellement, cela me refroidit un peu. Je ne suis d’ailleurs pas allé à Sprimont le week-end dernier. Quand tu joues le dimanche, tu peux oublier ta vie de famille. C’est tout de même plus contraignant qu’en P1.
Et financièrement ?
On ne va pas s’enrichir en D3. Prenez le match contre Huy: 54 entrées payantes, pour 454 € de frais d’arbitrage… Le trio venait du côté de Manage. Et en plus, tu perds le match. Il y a un phénomène que je redoute un peu cette saison: j’ai peur de perdre une partie de nos supporteurs si les résultats ne suivent pas. Je n’apprends rien à personne en disant que, selon que tu joues le titre ou le maintien, les assistances sont totalement différentes.
À tout cela va venir se greffer la crise énergétique. Libramont pourra continuer à jouer le samedi soir ?
Oui, pour cela, je ne me tracasse pas trop. Nous avons la chance d’être raccordés directement sur le réseau haute tension grâce à la cabine de transformation située sous le club house. Cela nous coûte trois fois moins cher que si nous étions branchés en basse tension. Nous devrions donc pouvoir surmonter la vague.
Combien cela coûte en électricité, un match en nocturne ?
Pour l’éclairage du terrain A, qui est l’un des plus puissants de la province, il faut compter 60 € de l’heure aujourd’hui. Nous n’avons pas encore pu réunir le budget pour remplacer les vieux spots halogènes par du LED. Cela coûterait 45 000 €. Et comme Infrasports nous a déjà donné une enveloppe récemment pour la rénovation de notre tribune, on va devoir patienter un peu pour obtenir un nouveau subside.
Vous êtes par ailleurs Premier échevin à la Commune de Libramont. Vous avez déjà reçu des appels à l’aide des clubs voisins ?
Les clubs sont inquiets, évidemment. Les dirigeants de Bras particulièrement car, dans leurs modules provisoires (NDLR, les installations sont en travaux), tout fonctionne à l’électricité: chauffage, chauffe-eau… J’ai tenté de contacter Engie pour savoir à quoi il fallait s’attendre, sans succès. Mais il est évident que la Commune devra aider les clubs…
Heureusement, la Foire a permis de faire rentrer de l’argent dans les caisses…
On a vendu autant qu’en 2019, oui, mais sans augmenter le prix des consommations. Donc les bénéfices sont nettement inférieurs, puisque tous les coûts ont augmenté.
La principale satisfaction du RCS Libramont, aujourd’hui, c’est son école de jeunes, non ?
On est passé de 16 équipes en 2021-2022 à 19 cette saison. On flirte avec les 500 affiliés et voir tous ces jeunes, tous ces entraîneurs, poser pour la grande photo de famille le jour de la présentation des équipes, cela faisait chaud au cœur. Puis on a aussi une équipe B qui tourne bien et qu’on espère voir monter en P2 en fin de saison.
C’est aussi important que le maintien de la A en D3 ?
Oui, ne me demandez pas de choisir entre les deux. Mais il est clair que si la A est condamnée à quelques matchs de la fin du championnat, ce que je ne souhaite évidemment pas, nous ferons tout pour aider la B à se hisser à l’échelon supérieur. Cet été, des jeunes du club sont partis dans des clubs voisins, à Libin notamment. Si l’équipe B était en P2, ils seraient certainement restés. Il faut vraiment réduire l’écart de divisions entre nos deux formations. Passer d’un coup des U19 interprovinciaux ou de la P3 à la D3, c’est très compliqué pour un jeune. L’autre difficulté, c’est de réussir à gérer des parents souvent impatients. Beaucoup pensent avoir engendré le nouveau Ronaldo…